Chômage: "Les conditions ne sont pas réunies pour une dégressivité efficace"

La dégressivité des allocations de chômage peut se révéler efficace si une série de conditions en matière d'information et d'accompagnement sont réunies, estime Bruno Van der Linden, un chercheur de l'UCL spécialisé dans le marché de de l'emploi.

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Chômage: "Les conditions ne sont pas réunies pour une dégressivité efficace"
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La dégressivité des allocations de chômage peut se révéler efficace si une série de conditions en matière d'information et d'accompagnement sont réunies, estime Bruno Van der Linden, un chercheur de l'UCL spécialisé dans le marché de de l'emploi. Or, en Belgique, "le passé n'est pas marqué par le respect de ces conditions", a-t-il expliqué à l'agence Belga. M. Van der Linden a présenté lundi, lors d'un débat organisé par l'Institut belge des Finances publiques, les résultats des dernières études internationales en matière de dégressivité des allocations et de fin de droits, enjeux de vifs débats politiques à la veille des élections législatives. Dix ans après l'introduction du contrôle de disponibilité des chômeurs, et après une législature marquée par la forte accentuation de la dégressivité, plusieurs partis voudraient durcir encore le système en limitant dans le temps le paiement des allocations.

Si la dégressivité est souvent considérée comme une façon optimale de concilier assurance et incitation à retrouver un emploi, le chercheur de l'UCL interroge les conditions de sa mise en oeuvre. Une durée d'indemnisation trop courte peut détériorer la qualité de l'emploi retrouvé, souligne-t-il. Toutefois, un allongement de la durée d'indemnisation peut avoir pour effet de retarder le retour à l'emploi, du moins chez les personnes employables. Une étude française sur un allongement de 7 à 15 mois de l'indemnisation décidée sous le gouvernement Jospin indique, par exemple, que les durées de chômage ont substantiellement augmenté. Ses conclusions doivent être prises avec des pincettes, prévient toutefois M. Van der Linden.

En Belgique, une condition essentielle au succès de la dégressivité est clairement absente, selon lui: la clarté du système. "Le message que donne la dégressivité pourrait être brouillé. On risque de ne pas avoir de retombées positives", insiste-t-il. En outre, un certain nombre de profils, comme les chômeurs de longue durée, ont moins de chances de retrouver un emploi. La dégressivité risque donc de se traduire par ue hausse de la pauvreté.

Finalement, la fin de droit importe moins que celle de son accompagnement, poursuit le chercheur. "Dans les pays nordiques, il y a une fin de droit et un basculement vers un régime d'assistance, mais ils ont investi énormément de ressources pour rendre ce risque aussi faible que possible".

Un tel accompagnement "n'est pas totalement absent en Belgique", mais il devrait être développé pour "avoir le moins de personnes possibles qui basculent", conclut M. Van der Linden.

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