Dépenses pensions: quatre vérités qui dérangent

Les dépenses en matière de pensions sont un gouffre que l’économiste Jean Hindriks met en lumière. Et cela pose des questions pressantes sur comment nous allons devoir faire face à ce problème structurel.

Catherine Ernens
Dépenses pensions: quatre vérités qui dérangent
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1. En trente ans, quatre fois plus de dépenses pour les pensions

Les dépenses pour les pensions ont été multipliées par quatre depuis 1985, donc en trente ans. Sur la même période, les recettes de la sécurité sociale à charge des employés et des employeurs n'ont été multipliées que par 2,5. «Il s'agit d'un déficit structurel de la sécurité sociale et le trou s'aggrave», pointe Jean Hindriks, économiste à l'UCL et membre de la commission de réforme des pensions.

Les dépenses de pension augmentent deux fois plus vite que les cotisations à la sécurité sociale. Ces dépenses représentent la totalité des recettes de la sécurité sociale, soit 42 milliards. Un gouffre vertigineux que Jean Hindriks vient de calculer. Il a compilé les chiffres du Bureau du Plan pour ce qui est des dépenses et les chiffres du SPF sécurité sociale pour ce qui est des recettes.

2. Plus de pensionnés et des pensions plus élevées

Le phénomène est connu: le boom démographique des personnes nées après 1965 (la génération des plus de 50 ans) est en balance avec la chute de la fertilité enregistrée depuis lors. «Les dix dernières années, depuis le pacte des générations, on voit que les réformes mises en place n 'ont pas donné d'effets. Quand on parle d'austérité actuellement, c'est faux, assène Jean Hindriks. La réalité est que le nombre de pensionnés a augmenté et le montant de la pension moyenne a augmenté aussi.»

3. Une très grande inégalité entre jeunes pensionnés et plus âgés

Les pensionnés les plus âgés décèdent et les jeunes pensionnés ont un montant plus élevé. «Cela explique un tiers de la hausse des dépenses totales. Dans notre système, il existe une très grande inégalité entre les "vieux" pensionnés et les plus jeunes. Comme le salaire moyen est calculé sur l'ensemble de la carrière, le montant d'un jeune pensionné est bien plus élevé.»

«Il va falloir de plus en plus recourir au financement alternatif et relever les cotisations sociales pour parvenir à financer les pensions. Et si les nouvelles conditions de départ à la pension ne sont pas respectées, ce sera la catastrophe totale», commente Jean Hindriks. «Le gouvernement dit avoir stabilisé les dépenses et l'opposition dit qu'elle a raboté les dépenses. Les deux sont inexacts. On va devoir aller chercher de plus en plus de recettes supplémentaires.»

4. Des jeunes appauvris face au hold-up de la génération dorée

«Depuis trois ou quatre ans, il y a plus de pauvres chez les jeunes que chez les âgés, pointe Jean Hindriks. C'est le hold-up de la génération dorée, celle d'avant mai 1968. Ils ont pu emprunter à des taux négatifs et avoir des carrières très courtes en s'achetant des prépensions, qui n'ont pas été compensées par l'engagement de jeunes.»

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