Les coûts de l’immigration ne sont donc pas simples à déterminer. Il est probablement encore plus complexe d’en calculer les bénéfices.
Mais la plupart des études sérieuses qui se sont penchées sur le sujet concluent à des effets favorables à long terme parce que ces personnes participent à l’économie. Elles consomment. Elles travaillent (sans avoir généralement dû investir dans la formation de la main d’œuvre). Elles paient des impôts. Même les dépenses publiques engendrées par l’arrivée des réfugiés ont des retombées positives (création d’emplois par exemple).
La Banque Nationale a étudié, en 2016, les conséquences économiques de l’afflux des réfugiés en Belgique, en se penchant spécifiquement sur la vague migratoire de 2015. Les auteurs de l’étude concèdent que cette tâche est difficile. « Compte tenu de la difficulté de procéder à une comparaison historique et du peu d’éléments disponibles concernant, notamment, le niveau d’éducation des demandeurs d’asile, il est ardu d’estimer l’impact économique de cette vague de nouveaux entrants. »
Quoi qu’il en soit la Banque Nationale fait la balance entre la « charge budgétaire relativement importante » qu’implique l’arrivée d’immigrés et les « recettes supplémentaires » que les réfugiés peuvent apporter. L’étude mentionne également le fait que « les immigrés pourraient contribuer à réduire le choc du vieillissement démographique ».
L’étude mentionne déjà un regain de croissance en 2016 (0,14% du PIB) et évalue ce gain à 0,17% du PIB en 2020. La balance est donc positive.
Cette étude présente toutefois un bémol majeur : les hypothèses de départ, posées en juin, ne se sont finalement pas vérifiées. La Banque Nationale tablait effectivement sur une vague qui se poursuivrait en 2016, avec, comme en 2015, l’arrivée de 45.000 demandeurs d’asile en 2016. Or nous avons montré au début de cet article que le nombre de demandes d’asile était retombé à 18.000 dès 2016.
Si le raisonnement de l’étude qui conclut à une contribution économique positive des réfugiés peut être suivi, les conclusions chiffrées de la BNB sont donc vraisemblablement inexactes.
Une autre étude sur l’impact économique des migrations souvent mentionnée est celle de l’OCDE. Mais cette étude date de 2013 (avant la vague migratoire que nous évoquons) et concerne toutes les formes de migrations, pas uniquement l’arrivée des réfugiés. Selon les scénarios envisagés pour la Belgique par cette étude, la présence d’immigrés engendre un mouvement du PIB compris entre + 0,96% et -0,43%.
« La réalité est entre le deux », expliquent Frédéric Docquier et Joël Machado dans « Regards économiques, » une publication des économistes de l’UCL d’octobre 2015. « A supposer qu’un tiers de la consommation publique est affectée par l’immigration (scénario raisonnable), l’effet sur les finances publiques belges est positif et s’élève à 0,50% du PIB. » Toujours sur base de cette étude de l’OCDE, dans un rapport de Myria, Frédéric Docquier, chercheur FNRS et professeur d’économie à l’UCL, évoque un impact fiscal positif de 0,3% du PIB ce qui correspond à un gain de 117 euros par an et par habitant.