Numéro 82 - Novembre 2010

Des prix ou des salaires, qui mène la danse en Belgique ?

82En Belgique, sur la période 1991-2009, la croissance totale du niveau général des prix à la consommation fut de 43 % et celle des coûts salariaux par unité produite de 42 %. Sur cette même période, les données pour la zone euro indiquent une progression des prix à la consommation de 49 % et une progression des coûts salariaux par unité produite de 44 %.

Ces quelques chiffres livrent au moins deux constats :

° Tant en Belgique que dans la zone euro, la croissance totale des prix à la consommation et celle des coûts salariaux furent assez similaires sur la période considérée;

° La croissance totale du coût salarial a été quasiment identique en Belgique et dans la zone euro alors que la croissance totale des prix à la consommation fut plus faible en Belgique que dans la zone euro.

Sur base de ces constats, nous nous intéressons, dans ce numéro de Regards économiques, aux déterminants macroéconomiques de l’évolution des coûts salariaux et des prix en Belgique. Nous tentons notamment de mieux comprendre comment les coûts salariaux et les prix évoluent l’un par rapport à l’autre. Nous examinons également si les caractéristiques de la relation causale existant entre les prix et les coûts salariaux sont les mêmes en Belgique que dans l’ensemble de la zone euro.

Notre étude confirme que, en Belgique, les évolutions à long terme des prix et des coûts salariaux sont très étroitement liées. D’après notre analyse, cela tient au fait que, à long terme, l’évolution des coûts salariaux tend à suivre l’évolution des prix. Nous obtenons notamment comme résultat qu’une hausse permanente du niveau général des prix à la consommation de 10 % entraîne, en Belgique, une augmentation permanente des coûts salariaux par unité produite de 9 %.

D’après notre analyse, il existe également une relation de causalité des coûts salariaux vers les prix. Il s’agit ici d’un lien entre la croissance des coûts salariaux et la croissance des prix (l’inflation), selon lequel une hausse temporaire de la croissance des coûts salariaux entraîne un relèvement du rythme d’inflation. L’impact sur l’inflation est néanmoins peu important et intervient longtemps après le choc sur les coûts salariaux.

Nos résultats pour la zone euro révèlent que les caractéristiques de la relation prix-coûts salariaux dans la zone euro sont très similaires à celles pour la Belgique. Cependant, d’un point de vue quantitatif, nous relevons que l’ajustement des coûts salariaux à l’évolution des prix est plus fort en Belgique que dans la zone euro. Nos résultats montrent en effet que :

  • l’impact à long terme d’une hausse permanente des prix sur le coût salarial est plus grand en Belgique que dans la zone euro;
  • et que l’ajustement des coûts salariaux à une hausse permanente des prix est deux fois plus rapide en Belgique que dans la zone euro.

Notre analyse ne nous permet pas de déterminer quels sont les facteurs qui expliquent ces différences quantitatives relevées dans la relation prix-coût salarial entre la Belgique et la zone euro. Toutefois, dans la mesure où il y a tout lieu de considérer qu’il s’agit de facteurs structurels, le mécanisme d’indexation des salaires qui est unique à la Belgique constitue un facteur potentiel d’explication.

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