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Numéro 24 - Septembre 2004

Pourquoi faut-il cibler la réduction du coût du travail sur les très bas salaires ?

couve verteDepuis plusieurs décennies, le niveau élevé du chômage, en particulier des peu qualifiés, est probablement le problème socio-économique le plus aigu auquel doit faire face la Belgique, mais aussi la plupart des autres pays européens. Pour expliquer ce chômage, un élément qui nous semble important est un coût du travail, surtout pour les peu qualifiés, exagérément élevé.

Ainsi, suite notamment à l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) durant les dernières décennies, la demande de travail qualifié a fortement augmenté, par rapport à la demande de travail peu qualifié, mais les salaires relatifs sont restés inchangés, rendant relativement cher le travail peu qualifié. De plus, du milieu des années 80 jusqu’à la fin des années 90, la fiscalité à charge des employeurs s’est alourdie en Belgique (elle est actuellement presque trois fois plus élevée qu’elle ne l’est aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne) et cela a encore accentué les effets négatifs du progrès technologique sur les peu qualifiés.

C’est pourquoi, afin de toucher directement la population en difficulté, nous plaidons pour une baisse des cotisations patronales, ciblée sur les bas salaires, c’est-à-dire sur les salaires perçus par les peu qualifiés. De plus, tant la théorie économique que des études plus fouillées nous enseignent que ce sont les réductions ciblées sur les très bas salaires, et en particulier sur le(s) salaire(s) minimum(s), qui sont les plus efficientes en matière d’emploi et donc, les moins coûteuses. Par exemple, selon nos propres estimations, une réduction des cotisations patronales, de l’ordre de 0,2 % du PIB, ciblée sur le salaire minimum, créerait 60.000 emplois, alors que seulement 10.000 emplois seraient créés avec des réductions, d’un même montant global, distribuées à l’ensemble des salaires. Par ailleurs, la première politique serait ex post autofinancée (plus d’emploi donc plus de revenus provenant de la fiscalité du travail et moins d’allocations chômage à payer), alors que la seconde resterait coûteuse pour l’Etat, même à long terme.

Ces dernières années, plusieurs mesures de réductions des cotisations patronales ont déjà été appliquées. Mais la tendance actuelle est plutôt d’élargir les réductions à l’ensemble des salaires. Par exemple, le complément de réduction des cotisations patronales pour les bas salaires est actuellement accessible en deçà d’un salaire brut de 1.770 € par mois, mais ce plafond passera à 1.957 € en 2005. Nous demandons une politique inverse et un reciblage de ces mesures vers les très bas salaires. Pratiquement, le salaire minimum brut légal mensuel est actuellement de 1.186 € et les salaires minimums sectoriels sont en moyenne plus élevés de 25 %. En ciblant les réductions sur les salaires inférieurs à 1.500 €, on toucherait donc en grande partie les travailleurs payés à un des salaires minimums, et les effets sur l’emploi, en particulier celui des moins qualifiés, seraient importants. De même, plutôt que de diluer à plusieurs types de salaires le montant global accordé pour les réductions, nous demandons de diriger l’ensemble des moyens sur les bas salaires.

La politique que nous préconisons doit cependant être vue comme une politique de court terme visant à répondre à un problème spécifique qui est le chômage des peu qualifiés. Il ne faut cependant pas occulter qu’il est également nécessaire d’investir dans une politique de long terme, visant à augmenter l’offre de travailleurs qualifiés, c’est-à-dire une politique passant par un effort d’éducation.

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