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Numéro 58 - Mars 2008

Comment la croissance économique et le coût salarial
déterminent-ils l’emploi en Belgique ?

couve verteLa problématique des créations d’emplois est au cœur des préoccupations des partenaires sociaux et des gouvernements, mais interpelle également les économistes. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons dans ce numéro de Regards économiques aux créations d’emplois qui sont intervenues au cours des dernières années, et plus particulièrement durant la dernière législature gouvernementale.

Une analyse rapide de l’évolution de l’emploi entre 2003 et 2007 montre que les créations d’emplois furent relativement paresseuses entre 2003 et 2005, mais qu’elles se sont fortement accélérées au cours des deux années qui suivirent, qui est une période au cours de laquelle l’économie belge a bénéficié d’une forte accélération conjoncturelle, comme d’autres pays européens par ailleurs. L’existence d’une relation étroite entre le rythme de croissance de l’activité économique et celui de l’emploi n’a rien d’étonnant, cette relation étant largement documentée dans la littérature économique (théorique et appliquée). La croissance économique n’est bien évidemment pas l’unique variable qui détermine l’évolution de l’emploi. Le coût salarial est notamment un autre déterminant important, ce qui explique l’accent mis en Belgique depuis plusieurs années sur les politiques d’allègements de cotisations patronales et les efforts de modération salariale pour encourager la création d’emplois. Dans ce contexte, l’objectif de ce numéro de Regards économiques est d’étudier de plus près le rôle de l’activité économique et des salaires dans la détermination de l’emploi en Belgique.

Concernant l’impact de la croissance économique sur l’emploi, nos résultats sont sans équivoques : d’une part, un taux de croissance annuel de la croissance économique de près de 1 % est nécessaire au maintien de l’emploi dans notre pays. D’autre part, un choc permanent sur l’activité économique a bel et bien un impact positif sur la croissance de l’emploi en Belgique, l’impact final sur l’emploi étant du même ordre de grandeur que le choc initial sur l’activité (en prenant en considération les effets de retour de l’emploi sur l’activité économique). Nous montrons également, en prenant la période 2003-2007 comme période de référence pour nos simulations, qu’en augmentant le rythme trimestriel de croissance de l’activité économique de 0,5 % à 0,7 % sur une période de 4 ans, toutes choses restant égales par ailleurs, les créations nettes d’emplois augmentent de plus de 50 % au total sur l’ensemble de la période : de 62.000 pour un niveau de croissance trimestriel moyen de 0,5 %, elles augmentent à 96.000 lorsque la croissance trimestrielle moyenne passe à 0,7 %.

Les effets de l’évolution du coût salarial sur les créations nettes d’emplois vont dans le sens contraire. Une accélération du coût salarial moyen par personne occupée a un effet négatif sur les créations d’emplois, même si celui-ci est de moindre ampleur que l’effet d’une accélération de l’activité. Il est important de préciser que faute de données suffisamment précises, il ne nous a pas été possible de différencier les effets des négociations salariales, des mesures gouvernementales visant les charges patronales ou du développement du travail à temps partiel sur l’évolution du coût salarial moyen par personne occupée. Ceci constitue certainement une limite importante à notre travail.

Au début de la législature précédente, le gouvernement avait annoncé un objectif de créations de 200.000 emplois sur l’ensemble de la législature. Dans les faits, l’emploi a effectivement augmenté de 200.000 unités entre 2003 et 2007. Un objectif du même type vient d’être annoncé par le nouveau gouvernement de Yves Leterme. Un enseignement important de notre analyse est qu’une partie importante des créations d’emplois est déterminée par l’évolution de l’environnement économique général, indépendamment de toute action gouvernementale. Ceci a au moins deux implications du point de vue de l’évaluation de la politique économique. D’une part, la simple comparaison entre le nombre d’emplois effectivement créés au cours d’une législature et un objectif chiffré annoncé en début de législature ne permet nullement de juger de l’efficacité de l’action gouvernementale en matière de créations d’emplois s’il n’est pas tenu compte de l’évolution conjoncturelle durant la législature. D’autre part, un même objectif chiffré peut, ex post, s’avérer très ambitieux dans le cas d’une conjoncture défavorable mais être au contraire très facile à atteindre en cas de haute conjoncture. En ce qui concerne l’objectif de 200.000 emplois fixé par le gouvernement précédent, le chiffre paraissait ambitieux étant donné qu’un tel résultat sur 4 ans n’avait été atteint que deux fois depuis le début des années 80. Ex post, il s’avère cependant que si l’objectif a été atteint, c’est en partie grâce à la forte accélération conjoncturelle que l’économie belge a connue en 2006 suite à une amélioration de la conjoncture économique dans la zone euro.

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